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- 09 novembre 2023
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Quel rôle l’origine des aliments a-t-elle sur l’empreinte environnementale de nos assiettes ?
Pour calculer l’impact environnemental d’un produit alimentaire, de nombreux indicateurs environnementaux entrent en ligne de compte, par exemple : le type et la quantité de chaque ingrédient composant le produit (recette), le mode de culture, le type de viande et de morceau, le type d’élevage et l’alimentation de l’animal, les labels agricoles, les transports, l’emballage, les espèces de poissons menacées ou élevés dans des conditions critiques, les techniques de pêche, la politique de durabilité de l’entreprise, ou encore la provenance des ingrédients.
Ces nombreux indicateurs ont plus ou moins d’importance lorsqu’il s’agit de calculer l’empreinte environnementale d’un produit. Alors quel rôle ces provenances jouent-elles ?
Contrairement aux idées reçues, dans la majorité des cas, la distance parcourue par les aliments joue un rôle mineur en termes d’impact environnemental. En comparaison, le type d’aliment et les ressources nécessaires à le produire, ou encore la pollution de l’eau et du sol et la perte de biodiversité contribuent majoritairement à l’impact environnemental de l’aliment. Avec une exception majeure : si le produit est transporté en avion, alors la part du transport dans l’impact environnemental peut prendre le dessus.
Exemple :
- Empreinte carbone d’une tonne d’aliment réfrigéré parcourant 1km en camion : 0,5 Kg CO2-eq.
- Empreinte carbone d’une tonne d’aliment réfrigéré parcourant 1km en avion : 1,5 Kg CO2-eq.
En plus de la distance et des méthodes de transport, l’origine des ingrédients joue également un rôle au niveau du stress hydrique du pays producteur (ressources disponibles en eau versus besoins en eau de l’aliment), ainsi qu’au niveau des politiques agricoles des pays producteurs, lesquelles comprennent parfois des standards environnementaux.
Pour résumer, voici les différentes raisons pour lesquelles il vaut mieux, dans la mesure du possible, privilégier les aliments suisses :
1) Les distances & modes de transport
La distance parcourue est à prendre en compte aussi bien pour les ingrédients composant un produit fini, que pour le produit fini. Par exemple :
- Le nombre de kilomètres parcourus par chaque ingrédient depuis son pays d’origine jusqu’au lieu de fabrication (ou de stockage, conditionnement, …) du produit fini.
- Le nombre de kilomètres parcourus par le produit fini depuis le lieu de fabrication jusqu’au lieu de consommation.
Un approvisionnement en matières premières et produits finis suisses et/ou européens permet de réduire les distances parcourues mais surtout de garantir que ceux-ci n’ont pas été acheminés par avion.
Il existe plusieurs modes de transport possibles (camion, train, avion, voiture électrique, vélo etc.) pour un seul et même trajet. A titre d’exemple, les bananes en provenance d’Amérique du Sud sont transportées en partie en camion et en partie en bateau. Cette information est cependant rarement disponible, on peut donc faire l’hypothèse suivante : les produits frais et fragiles qui traversent un océan sont très probablement acheminés par avion et donc à éviter. Par exemple, les kiwis de Nouvelle-Zélande, ou la viande fraiche sud-américaine.
L’impact environnemental du transport lui-même peut aussi varier selon si l’aliment est réfrigéré ou congelé.
2) Le stress hydrique
Toutes les zones géographiques ne sont pas égales vis-à-vis de l’eau douce disponible. Certains pays ont moins d’eau à disposition et par conséquent un stress hydrique plus élevé. La méthode AWARE par exemple permet d’évaluer la pénurie d’eau par pays ou région.
AWARE est un indicateur de point médian de l’utilisation de l’eau représentant l’eau disponible restante par zone dans un bassin versant, une fois que la demande des humains et des écosystèmes aquatiques a été satisfaite. Il évalue le potentiel de privation d’eau, pour les humains ou les écosystèmes, en partant de l’hypothèse que moins il reste d’eau disponible par zone, plus il est probable qu’un autre utilisateur en sera privé. La consommation en eau d’un produit alimentaire représente la multiplication entre la consommation d’eau de l’aliment et le stress hydrique du pays producteur.
En Suisse, les ressources en eau disponibles sont suffisantes pour l’agriculture et le stress hydrique est peu élevé (voir ci-dessous). Un approvisionnement en matières premières suisses, par exemple en préférant les fruits et légumes de saison plutôt qu’importés du sud de l’Europe où le stress hydrique est élevé, permet de réduire l’empreinte environnemental des aliments.
Légende : plus le stress hydrique est élevé, plus les ressources en eau douce sont faibles. Dans ce cas, les besoins humains, de la faune et de la flore entrent en concurrence. Source : AWARE (2018).
3) La politique agricole des pays producteurs et les modes de production
Certains pays choisissent de réguler la production agricole en édictant des normes environnementales. Dans les pays européens par exemple, certains standards doivent être respectés, comme par exemple l’interdiction de cultiver des Organismes Génétiquement Modifiés (OGM).
En Suisse, ces standards pour l’agriculture conventionnelle vont plus loin et sont regroupés sous les « Prestations Écologiques Requises (PER) ». Ces exigences rigoureuses visent à promouvoir une agriculture respectueuse de l’environnement et occupent une place centrale dans la production suisse. Les PER comprennent des mesures telles que le respect de certaines normes de protection des animaux, l’équilibre du bilan de fumure, la limitation des pollutions atmosphériques et la préservation des sols par le biais d’analyses régulières.
En plus de ces critères, les PER encouragent la biodiversité en allouant des surfaces à cet effet et en soutenant les objets inscrits dans les inventaires nationaux. Les exploitants agricoles sont également tenus de se conformer aux prescriptions des cultures spéciales et aux exigences relatives aux semences et aux plants.
Le respect de ces normes est essentiel pour bénéficier des paiements directs. Les contrôles, supervisés par l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires, en garantissent le respect.
De plus, une grande partie des éleveurs suisses vont au-delà de la législation et participent à des programmes volontaires, tels que les programmes SST/SRPA qui garantissent des exigences supplémentaires en termes de bien-être animal.
Certains modes de production sont par ailleurs complètement interdits en Suisse. C’est le cas par exemple de l’élevage en batterie (poules, œufs, lapins) ou encore la production de foie gras.
Pour les bovins, les élevages privilégiant la pâture sont majoritaires en Suisse. Ce mode de production contribue fortement à réduire l’impact environnemental des animaux de rente (bœuf, veau) car l’alimentation à base de fourrage ne nécessite pas autant de ressources que l’alimentation à base de céréales. Un mode de production suisse privilégiant la pâture permet de réduire jusqu’à -30% les émissions de CO2 liées à l’élevage bovin, par comparaison avec la moyenne mondiale. En résumé, la provenance des aliments compte pour beaucoup dans le bilan environnemental, principalement en lien avec les modes de production des pays producteurs, mais aussi via le stress hydrique et le mode de transport (avion ou non).
A noter que de nombreux autres facteurs entrent en ligne de compte, à commencer par les types d’aliments qui sont consommés !
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L’équipe Beelong avec le soutien de Agro-Marketing Suisse (AMS)